CAP SMILE

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PHÉNOMÈNE DE L’ENFANT PLACÉ, LE BUSINESS HUMAIN DES TEMPS MODERNES

Les mauvais tournants de la vie contraignent des parents à opter pour des choix qui sont destinés à sceller à jamais le sort de leur progéniture. À peine nés et en toute ignorance des expériences de la vie, les enfants se retrouvent seuls face aux fardeaux qui n’ont rien à avoir avec leur âge.

Le phénomène de l’enfant placé est l’un de ces fardeaux qui se retrouve aux bancs des accusés. Une pratique revendiquée dans un coin du monde qu’est le BÉNIN. Le présent article apprête ainsi sa plume pour un voyage avec à la clé un sévère réquisitoire qui profile à l’horizon.

Historique de la pratique

Le phénomène de l’enfant placé est une pratique qui a le vent en poupe en République du Bénin. Elle date de la nuit des temps. À l’époque, elle consistait pour un parent à mettre à la disposition d’un autre son enfant afin que celui-ci fasse des travaux domestiques. L’appellation ″VIDOMEGON″ en dit long et est la traduction littérale de l’expression française Enfant placé, dialecte très populaire dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest.

Au fil des années, le phénomène a pris une autre tournure et s’apparente à un véritable business humain des temps modernes. Il n’est pas rare de constater que des enfants sont échangés contre des sommes d’argent, des pagnes et autres matériaux. C’est une situation qui ne cesse de gagner du terrain surtout dans les zones reculées.

La cible et les données statistiques

À considérer les enfants placés comme une compétition d’envergure, une catégorie d’enfants y est éligible. À propos, les investigations et les sondages du terrain révèlent que les enfants âgés de 5 à 15 ans parfois moins sont les proies faciles à ce phénomène. La situation de ces enfants vulnérables donne du fil à retordre aux institutions internationales. Le cas de l’UNICEF n’est pas à isoler. L’institution spécialisée des Nations Unies en charge des questions inhérentes aux droits des enfants dénombre près de 200.000 enfants placés dans toute l’Afrique de l’Ouest. Elle va plus loin dans ses analyses chiffrées en estimant à plus de 52 % le taux des enfants assujettis à de multiples tâches domestiques. Dans une logique de contextualisation, l’ONG Espoirs d’enfants clarifie que le chiffre des ″VIDOMÈGON″ avoisine les 5 000 enfants. Il est clair comme l’eau de roche que la plaie est plus que béante. La panser est une nécessité impérieuse, mais l’urgent est de lever un coin de voile sur les causes avant les conséquences.

Causes et conséquences

On ne rendrait aucun service à la pertinence de la thématique en débat si l’on se borne à la pauvreté ou la paupérisation, l’analphabétisme et au statut d’orphelin comme les seules causes du phénomène. Au-delà de ces motifs classiques et superficiels, il y en a bien d’autres.

– Inadéquation du lieu d’origine

C’est le tout premier faux prétexte. Certains parents sont animés de bonnes intentions d’instruire leurs enfants. Et dans le but de leur éviter le supplice des écoles lointaines, ils décident de placer les enfants auprès des personnes dont la situation géographique est plus ou moins à proximité des lieux d’éducation. Malheureusement, une fois sous la coupole de ces personnes, les enfants se retrouvent entre le marteau des vaisselles, lessives et l’enclume des tracasseries d’un cordon-bleu.

– L’excuse de la bonne éducation

Il est d’une absurdité intolérable de penser un seul instant que la meilleure éducation qu’un enfant puisse recevoir est autre que celle des parents biologiques. C’est un courant de pensée qui donne une priorité absolue aux éducations extérieures, du moins, reçues d’ailleurs. Il est beaucoup plus développé chez les parents qui ne maîtrisent rien des chiffres et des lettres. Ce sont là quelques causes qui continuent de donner vie au phénomène de VIDOMÈGON″.

S’il est d’une évidence incontestable que les conséquences du phénomène d’enfant placé sont nombreuses, il faut quand même reconnaître la part belle faite à la déscolarisation. Les ″VIDOMÈGON″ accroissent le taux des enfants qui n’ont jamais été à l’école ou qui ont déserté le forum en plein cursus. Le droit fondamental à l’éducation, un noyau dur parmi toute la liste des Droits et Libertés Fondamentales, se trouve de manière impuissante sacrifié sur l’autel de l’avenir obscur de la relève de demain.

Les enfants placés sont également confrontés aux cas de violence, du viol et autres abominations dignes du nom.

Approches de solutions

Un point d’honneur sera mis sur les acquis juridiques avant toute suggestion.

– Ce que dit la loi

La problématique des enfants placés a été diversement appréciée par la loi. Des textes supra législatifs aux dispositions internes, les propositions ne manquent pas.

Sur le plan international, le Bénin a ratifié de nombreux Accords et Conventions allant dans le sens de la désapprobation de la maltraitance des enfants.

La Déclaration des Droits de l’Enfant a prévu à son neuvième Principe que l’enfant doit être protégé contre toute forme de négligence, de cruauté et d’exploitation, il ne doit pas être soumis à la traite, sous quelque forme que ce soit.

Sur l’échiquier communautaire, la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant adoptée en 1990 a instruit à l’article 16 les Etats parties «à prendre des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives spécifiques pour protéger l’enfant contre toute forme de tortures, traitements inhumains et dégradants, et en particulier toute forme d’atteinte ou d’abus physique ou mental, de négligence ou de mauvais traitements, y compris les sévices sexuels, lorsqu’il est confié à la garde d’un parent, d’un tuteur légal, de l’autorité scolaire ou de toute autre personne ayant la garde de l’enfant. » Mieux, l’article 29 de la Charte ratifiée par le Bénin le 17 avril 1997 a fait obligation à ces mêmes Etats à la prise des « mesures appropriées pour empêcher :

a) l’enlèvement, la vente ou le trafic d’enfants à quelque fin que ce soit ou sous toute forme que ce soit, par toute personne que ce soit, y compris leurs parents ou leur tuteur légal ;

b) l’utilisation des enfants dans la mendicité. »

En application des dispositions de la Charte, le Bénin s’est doté du Code de l’Enfant.

La loi de 2015 a formellement prévu et interdit le phénomène de ″VIDOMÈGON″. Étant conscient que l’interdiction sans sanction n’est qu’un leurre, le législateur béninois a composé son intention avec la coercition.

« Le père ou la mère qui, sciemment, transporte et/ou remet son enfant en vue de la traite de celui-ci ou d’une façon quelconque, aide le trafiquant, encourt un emprisonnement de six (06) mois à cinq (05) ans. »

 Suggestions

  • Sensibiliser les parents sur les impacts néfastes du phénomène de ″VIDOMÈGON″ ;
  • Renforcer les dispositions pénales de l’arsenal juridique ;
  • Et instituer un numéro vert afin de dénoncer le phénomène.   

Au demeurant, le phénomène de ″VIDOMÈGON″ est un os qui se retrouve au travers de la gorge des militants qui luttent sans relâche pour le plein épanouissement des enfants.

CAP SMILE accompagne et soutient ce militantisme dont l’objectif principal converge avec ses idéaux.

Vous pouvez soutenir CAP SMILE en faisant des dons à travers notre espace sécurisé https://capsmile.com/faire-un-don/

Ensemble offrons le SMILE aux ″VIDOMÈGON″ en les sortant de l’impasse.